Des images insoutenables et d’une violence inouïe. Un collégien a été victime d’une agression dans le quartier de Beaugrenelle, dans le 15e arrondissement de Paris, vendredi 15 janvier. Sur les images filmées par des caméras de surveillance, on voit une dizaine de jeunes, cachés par leurs capuches, rouer de coups Yuriy, un adolescent de 15 ans. Que s’est-il passé ? Pourquoi ce collégien d’origine ukrainienne, licencié au club de foot de l’Athlétic Club de Boulogne-Billancourt, dans les Hauts-de-Seine (ACBB), a-t-il été lynché par cette bande ? Franceinfo fait le point sur cette affaire qui suscite une très vive émotion.
Une agression d’une rare violence
Il est 18h30, vendredi 15 janvier, sur la dalle de Beaugrenelle, quartier commerçant de la capitale, quand une bande de jeunes, un peu plus âgés, précise Le Parisien, se ruent vers Yuriy et quatre de ses amis. “Quand ils ont vu cette bande, ils ont commencé à courir, raconte la mère de la victime, Nataliya Kruchenyk, à France 2, mais le problème est que Yuriy est tombé.”
Au sol, le collégien essuie alors une pluie de coups de poings, de pieds, et même de barres de fer et de marteau. Sur les images de la caméra de surveillance, la scène dure plusieurs secondes. Les agresseurs détalent ensuite, laissant le jeune garçon gisant sur le sol. France Télévisions a choisi de ne pas relayer l’intégralité de ces images.
Une enquête de l’IGPN (Inspection générale de la police nationale) a par ailleurs été ouverte après la diffusion des images de vidéosurveillance, a appris franceinfo de source proche du dossier.
L’adolescent souffre de multiples fractures mais va mieux
Les secours arrivent vite sur les lieux de l’agression. Yuriy est alors dans un état grave. “Son visage n’avait plus forme humaine”, déclare une employée d’une grande surface du quartier au Parisien. Prévenue par la police, la mère arrive sur les lieux. “Quand je suis arrivée, il était toujours conscient. Il m’a dit qu’il avait peur de mourir et qu’il fallait le venger”, lâche-t-elle au quotidien.
Selon le premier certificat médical, Yuriy souffre d’un traumatisme crânien avec plusieurs fractures graves du crâne, d’un hématome entre le cerveau et le crâne et d’une contusion cérébrale. Il a le nez cassé, plusieurs plaies à la cuisse et un doigt fracturé.
Samedi, une semaine après les faits, l’adolescent, qui a passé son 15e anniversaire sur son lit à l’hôpital Necker, s’est réveillé. “Il commence à se réveiller, à vouloir nous parler, à bouger… c’est très bon signe”, a assuré sa mère à BFMTV.
“Est-ce qu’il va se souvenir de nous ? Pouvoir nous parler ? Est-ce qu’il va être un garçon comme avant ? Travailler à l’école comme il travaillait avant ? Jouer au foot comme avant ?”, s’inquiète-t-elle. La mère a également assuré à France 2 que les jours de son fils n’étaient plus en danger, puis a précisé à Europe 1 que son garçon ne serait pas paralysé, mais que ses tentatives pour parler se soldent par des échecs.
Les motifs de l’altercation encore inconnus
Qui sont les auteurs et quelles sont les raisons de cette agression ? Ce sont les deux questions auxquelles va tenter de répondre l’enquête ouverte pour tentative d’homicide volontaire par le parquet de Paris. Pour l’instant, peu d’informations sont disponibles sur ce passage à tabac. Yuriy n’a “jamais” évoqué d’éventuels problèmes avec une autre bande, assure Nataliya dans Le Parisien. D’éventuelles mauvaises relations ? “Je ne peux pas choisir ses amis. Tant qu’il travaille bien à l’école, je ne m’en mêle pas, ajoute au quotidien sa mère. Yuriy est un enfant qui sait s’adapter à tous les milieux sociaux.”
Le journal évoque un élément troublant : un coup de téléphone reçu récemment par l’adolescent anormalement tard, vers 22 heures, et qui a duré quelques secondes. La famille s’est mobilisée : elle a lancé des appels à témoins sur les réseaux sociaux et créé un compte Instagram. Une chose est sûre, cette dalle du quartier Beaugrenelle est un lieu où l’insécurité est chronique. “Des petits groupes de jeunes agressifs déambulent sur cette dalle et se livrent à ce genre d’agissements mais jamais à ce point de violence”, détaille à France 2 Philippe Goujon, le maire LR du 15e arrondissement. “Il y a des groupes de jeunes qui font leurs petites affaires sur la dalle, ça peut être des petits trafics, des petits vols, c’est pour ça que j’ai fait installer des caméras”, poursuit-il sur franceinfo.
“Ce que je veux c’est que la police judiciaire fasse son travail. Yuriy était avec ses amis, je pense que certains doivent savoir quelque chose, je les invite vraiment à aller à la police témoigner, il ne faut pas qu’ils aient peur”, demande sa mère au micro d’Europe 1.
Un déchaînement de violence qui suscite une vive émotion
Selon les informations de franceinfo, l’Elysée a pris contact samedi avec la mère de Yuriy. Au nom du président de la République, un conseiller d’Emmanuel Macron s’est entretenu avec elle. “J’ai été contactée aujourd’hui, je remercie pour le soutien, je ne me sens pas seule, s’est réjouie la mère sur BFMTV, il y a ma famille, mais quand je me sens soutenue par tout le monde ça va mieux, et ça va nous aider pour arrêter cette violence.”
Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a également fait part de son soutien à la famille, samedi, et assuré que l’enquête devrait “permettre de faire toute la lumière sur les faits et d’interpeller les auteurs de cet acte immonde”.
De nombreuses personnalités politiques, comme Anne Hildalgo, la maire de Paris, ou Marine Le Pen ont également réagi. Mais l’émotion a dépassé le cercle politique puisque des personnalités du monde du sport et du spectacle ont témoigné leur soutien à Yuriy et à sa famille : l’acteur Omar Sy, le basketteur Rudy Gobert ou encore les footballeurs Antoine Griezmann et Iker Casillas. L’ancien gardien espagnol, qui a relayé les images dans son tweet, se demande “quel est ce monde de m….. ? Que faisons-nous de mal ?”