Avec le Kenya pour seul client, le projet Loon d’accès à Internet assuré par des ballons est abandonné

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Une myriade de ballons stratosphériques fournissant Internet aux régions les plus isolées du globe. Plus besoin d’infrastructures coûteuses pour permettre l’accès au réseau. Le projet était très ambitieux et son abandon suscite des titres railleurs dans la presse spécialisée. Alphabet dégonfle ses ballons, Le projet qui va nulle part, etc.

Des commentaires qui en disent long sur le retour de manivelle que subit Alphabet (maison mère de Google). A trop vouloir faire le buzz avec des projets peu maîtrisés, on en sort avec une image écornée. Sur le papier, le projet futuriste a de l’allure. Il s’agit de fournir l’accès à l’internet à des régions peu ou pas équipées. La couverture était assurée par des ballons stratosphériques (soit à 20 000 m d’altitude) relayant le signal vers la Terre, comme le fait actuellement un satellite.

Les ballons font la taille d’un terrain de tennis et sont conçus pour résister plusieurs centaines de jours aux rigueurs de la stratosphère. L’énergie est fournie par des panneaux solaires. Surtout, Loon a développé un système complexe de gestion du réseau, qui s’appuie notamment sur la prédiction des déplacements des ballons, portés par les vents d’altitude. Lorsqu’un ballon quitte sa zone de travail, il est redescendu sur Terre et remplacé par un autre. Techniquement, le système est opérationnel, assure Loon.

Le ballon alimenté par des panneaux solaires peut soulever plusieurs centaines de kilos à 20 000 m d'altitude.  (Crédit Loon)

Le ballon alimenté par des panneaux solaires peut soulever plusieurs centaines de kilos à 20 000 m d'altitude.  (Crédit Loon)

Mais lancé en 2013, Loon n’a jamais décollé économiquement. Hormis quelques déploiements de circonstance sur des zones touchées par des catastrophes naturelles (Pérou, Porto Rico), le système n’a qu‘un seul client, le Kenya, depuis 2020. 35 ballons y sont déployés couvrant une superficie de 50 000 km² (moins de 10% du territoire). Mais ni le gouvernement kényan, ni la société, n’ont donné de chiffres quant au nombre de clients connectés à ce réseau.

“Le chemin vers la viabilité commerciale s’est avéré beaucoup plus long et plus risqué qu’espéré. Dans les mois à venir, nous allons commencer à mettre un terme aux opérations de Loon et nous avons décidé que ce projet ne fera plus partie des grands paris d’Alphabet”, a expliqué Astro Teller, le patron du labo X, l’incubateur d’idées d’Alphabet.

Selon le site Wired, l’échec commercial était prévisible car Loon ne correspond plus à une demande. En effet, dans la dernière décennie, l’accès à Internet s’est étendu, passant de 75 à 93% de couverture. Dans les zones blanches qui demeurent, il y a peu d’habitants qui souvent ne peuvent s’offrir un smartphone en 4G, ou ne voient pas d’intérêt à Internet.

En ce qui concerne le Kenya, Loon a promis de conserver une équipe pour éteindre doucement le service. Cela s’accompagne d’un fonds de 10 millions de dollars pour aider les acteurs caritatifs ou commerciaux “qui travaillent à améliorer la connectivité, l’entreprenariat et l’éducation dans le pays”, selon les termes du communiqué. Rien n’est dit en revanche sur une indemnisation des clients.

On ne sait rien non plus sur le coût final du projet Loon. En revanche, Alphabet a les reins assez solides pour supporter cet investissement à perte. C’est aussi la vocation du Labo X : aller là où personne ne va pour découvrir, peut-être, la révolution technologique de demain.