Amazonie : le chef Raoni denonce Bolsonaro devant la Cour penale internationale pour “crimes contre l’humanite”

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Le cacique Raoni Matuktire, defenseur emblematique de la foret amazonienne, demande a la Cour penale internationale d’enqueter pour “crimes contre l’humanite” contre le president bresilien Jair Bolsonaro, accuse de “persecuter” les peuples autochtones en detruisant leur habitat et bafouant leurs droits fondamentaux. “Depuis son investiture [en janvier 2019], la destruction de la foret amazonienne s’est acceleree sans commune mesure: augmentation de la deforestation de 34,5% en un an, taux d’assassinat de leaders autochtones le plus eleve depuis ces onze dernieres annees, effondrement et menaces des agences environnementales…”, resume la plainte du chef du peuple Kayapo et du cacique Almi Surui, devoilee samedi 23 janvier par Le Monde et consultee par l’AFP.

“Cette situation, la plus dramatique sur ces dix dernieres annees, resulte directement de la politique d’Etat developpee par le gouvernement de Jair Bolsonaro”, qui vise a “lever tous les obstacles pour piller les richesses de l’Amazonie”, poursuit la plainte qui cible aussi plusieurs ministres. Cette communication a la CPI d’une cinquantaine de pages, redigee par l’avocat francais William Bourdon, rassemble les accusations portees par des dizaines d’ONG locales et internationales, des institutions internationales et par des scientifiques specialistes du climat: suspension du demarquage des territoires autochtones, projet de loi pour ouvrir les zones protegees a l’exploitation miniere et agricole, budget restreint des agences environnementales reprises en main par les militaires, meurtres impunis de sept chefs autochtones en 2019…

“Une destruction de la foret amazonienne”, indispensable a la regulation du climat et frappee par des incendies record en 2020, “constituerait un danger direct non seulement pour les Bresiliens mais egalement pour toute l’humanite”, souligne la plainte. Les plaignants estiment que cette politique d’Etat mene a des “meurtres”, des “transferts forces de population” et des “persecutions”, constitutifs de “crimes contre l’humanite” tels que definis par le Statut de Rome de la CPI.

En juillet 2020, des membres du personnel de sante au Bresil ont aussi demande une enquete a la CPI pour “crime contre l’humanite” contre Bolsonaro, cette fois pour sa gestion de la pandemie de Covid-19. Un mois plus tot, dans un entretien a l’AFP, le chef Raoni avait accuse le president d’extreme-droite bresilien de vouloir “profiter” de la pandemie pour eliminer son peuple. La CPI, creee en 2002 pour juger les pires atrocites commises dans le monde et qui siege a La Haye (Pays-Bas), n’est pas contrainte de donner suite aux milliers de requetes deposees aupres de sa procureure, qui decide independamment des affaires a soumettre aux juges.