Annulation des JO de Tokyo : “Personne ne veut être celui qui l’annonce”

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Selon le quotidien britannique The Times, le gouvernement japonais se serait déjà fait à l’idée de devoir annuler les JO de Tokyo en raison du Covid-19. Publiquement, cependant, le Japon et le CIO continuent d’affirmer qu’ils auront bien lieu cette année.

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Aura lieu ? N’aura pas lieu ? Officiellement, le gouvernement japonais et le comité organisateur international (CIO) excluent toute annulation ou report. Officieusement, la situation serait toute autre, selon un article du quotidien britannique The Times, citant une source haut placée dans la coalition au pouvoir. Le gouvernement nippon aurait acté l’impossibilité d’organiser les JO cette année, du fait de la recrudescence mondiale de la pandémie de Covid-19. Le gouvernement cherche désormais à trouver le meilleur moyen de sauver les apparences.

“Personne ne veut être celui qui l’annonce en premier, mais il y a un consensus sur le fait que c’est trop difficile”, déclare cette source. “Personnellement, je ne pense pas qu’ils auront lieu.”

Pour sauver la face, le gouvernement japonais chercherait à s’assurer au préalable que Tokyo organise les JO de 2032, la prochaine édition non attribuée après Paris (2024) et Los Angeles (2028).

Publiquement, toutefois, l’heure est au déni. Le porte-parole adjoint du gouvernement japonais, Manabu Sakai, a déclaré qu’il n’y avait “rien de vrai” dans l’article du Times et la gouverneure de Tokyo, Yuriko Koike, a assuré n’avoir “aucune idée” quant à l’origine de l’information.

La semaine dernière, un ministre clé du gouvernement japonais, Taro Kono, avait toutefois exprimé une voix discordante en estimant qu’il ne fallait rien exclure pour les JO de Tokyo.

“Il n’y a pas de plan B”

Devant la multiplication des doutes, le président du CIO, Thomas Bach, est lui-même monté au créneau jeudi. “Nous n’avons à cet instant aucune raison de croire que les Jeux olympiques à Tokyo ne s’ouvriront pas le 23 juillet dans le stade olympique à Tokyo”, a dit Thomas Bach dans un entretien à l’agence japonaise Kyodo, à tout juste six mois des JO.

“Il n’y a pas de plan B” et “nous sommes totalement engagés à faire de ces Jeux (des Jeux) sûrs et réussis”, a-t-il martelé.

En mars 2020, alors que la pandémie se propageait à travers le monde, le CIO avait pris la décision sans précédent de reporter les Jeux après que l’Australie et le Canada eurent indiqué ne pas vouloir envoyer d’athlètes.

À en croire la source du Times, le Japon et le CIO attendraient un évènement similaire : “Si le président Biden venait à dire que les athlètes américains n’iraient pas alors nous pourrions affirmer : “C’est désormais impossible [qu’ils aient lieu]”, note-t-elle.

Des JO sans spectateurs ?

Dans un entretien le 19 janvier à l’AFP, le directeur général de Tokyo-2020, Toshiro Muto, a affirmé que “la tenue des Jeux [était] notre cap inflexible” mais il n’a pas exclu que ces JO puissent se tenir avec un nombre limité de spectateurs ou sans spectateurs du tout.

Le CIO s’accommoderait fort bien d’une édition sans spectateurs étant donné que ses bénéfices proviennent majoritairement de la vente des droits de diffusion de l’évènement. En revanche, les autorités locales, dont les bénéfices reposent sur la billetterie et les retombées économiques indirectes sont moins favorables à ce scénario, note The Times.

L’annulation pure et simple des Jeux olympiques serait d’ailleurs un désastre financier pour le Japon, qui a dépensé au moins 25 milliards de dollars en préparatifs, dont les trois quarts étaient des fonds publics.

Quand la politique intérieur s’invite

L’opinion publique est désormais très majoritairement opposée à l’organisation des Jeux, préférant un nouveau report ou une annulation pure et simple, selon de récents sondages.

“Les Japonais sont de plus en plus opposés aux Jeux. C’est peut-être ça qui fait évoluer le gouvernement, alors que le Premier ministre est en perte de vitesse dans les sondages”, explique Constantin Simon, correspondant de France 24 au Japon.”  Si le contexte n’évolue pas, ce serait une folie sanitaire et un suicide politique.”

Alors que des élections législatives doivent se tenir au Japon cet automne au plus tard, le Parti libéral-démocrate (PLD) au pouvoir prendrait un risque énorme en organisant envers et contre tout ces JO. Des élus de l’opposition ont d’ailleurs demandé le report ou l’annulation des JO.

Depuis leur résurrection en 1896 par Pierre de Coubertin, les Jeux olympiques n’ont été annulés qu’à trois reprises : en 1916, 1940 et en 1944. Une annulation des JO de Tokyo serait donc une première en temps de paix.

Avec AFP