Site icon SalutFR

En Colombie, Francisco, jeune militant ecologiste de 11 ans menace de mort

Francisco Javier Vera Manzanares. Militant écologiste colombien de 11 ans.
Francisco Javier Vera Manzanares. Militant ecologiste colombien de 11 ans. (CAPTURE D’ECRAN FACEBOOK)

#AlertePollution

Rivieres ou sols contamines, dechets industriels abandonnes… Vous vivez a proximite d’un site pollue ?
Cliquez ici pour nous alerter !

Dans son pays, Francisco Javier Vera Manzanares possede deja une vraie notoriete. C’est un petit bonhomme joufflu aux jolies fossettes qui porte de grosses lunettes aux verres epais. Francisco a grandi a Villeta, dans les montagnes, a une centaine de kilometres de Bogota. C’est la que s’est developpee sa conscience ecologique. Il y a deux ans, avec quelques copains de l’ecole primaire, Francisco fonde “Les citoyens de la vie” (Ciudadanias Para la Vida) et defile en centre-ville, avec banderoles et megaphone, pour alerter sur le changement climatique.

Son groupe compte aujourd’hui plus de 200 membres en Colombie, au Mexique et en Argentine. Il a rejoint le mouvement mondial des “Vendredi pour le climat” (Fridays For Future) lance par l’activiste suedoise Greta Thunberg.

Francisco commence ensuite a poster des videos sur les reseaux sociaux, d’abord pour parler du recyclage, puis pour denoncer l’exploitation miniere, synonyme en Colombie d’expropriations, de pratiques illegales et de bandes armees. Dans une video, publiee en juillet 2020, Francisco demandait deja plus “de tolerance et de respect” vis-a-vis de ses prises de positions :

Nous, les jeunes, bien sur on fait des videos TikTok, mais on est aussi capables de dire ce que l’on pense des grands sujets de notre epoque

“Nous ne sommes pas seulement l’avenir. Nous sommes deja touches par les decisions que prennent les adultes”, dit-il. Le message est clair : je ne suis qu’un petit garcon et j’en ai bien conscience. Mais j’ai le droit d’avoir une opinion.

Le petit garcon finit par gener. On l’accuse, avec violence souvent, d’etre instrumentalise, on dit qu’il est trop jeune, qu’il ne sait pas de quoi il parle. Jusqu’a des menaces de mort, proferees sur Twitter de maniere anonyme : c’etait le 15 janvier, moins de 24 heures apres la publication d’une video ou Francisco demandait au gouvernement d’ameliorer les connexions internet pour les enfants contraints de faire l’ecole a distance en raison du confinement.

L’episode, mediatise, suscite une vague d’indignation. Des personnalites du monde de la politique et du spectacle prennent la defense de Francisco. Le chef de la police promet une recompense de 10 millions de pesos (environ 2 300 euros) pour toute information permettant d’arreter les coupables.

Il faut dire que le president colombien, Ivan Duque, met la pression, en promettant publiquement de retrouver les “bandits” responsables d’un “acte inadmissible”. L’enquete est toujours en cours.

Francisco recoit aussi en main propre de la part d’une emissaire de l’ONU une lettre de Michelle Bachelet, la Haut-Commissaire aux droits de l’homme, le felicitant pour son travail de pionnier.

“Le monde a besoin de plus de jeunes comme vous avec leur passion pour proteger la planete, ecrit-elle. Nous convenons egalement avec vous que la connectivite internet doit etre amelioree pour les garcons et les filles du monde entier.”

La realite, c’est qu’en Colombie les violences contre les militants de l’environnement ou des droits de l’homme sont en augmentation constante. En 2019, selon l’ONG britannique Global Witness, 64 d’entre eux ont ete assassines. Notamment des dirigeants communautaires opposes a l’exploitation miniere ou a l’agro-industrie.

Des chiffres qui font de la Colombie le pays le plus dangereux pour les defenseurs de la cause environnementale, en raison des groupes armes qui se disputent le controle du trafic de drogue et de l’exploitation miniere illegale. Les menaces de mort comme celles que Francisco a recues sont courantes. Souvent impunies.

Le petit garcon, du haut de ses 11 ans et de son imperturbable confiance, a (evidemment) promis qu’il n’abandonnerait pas. Il ecrit sur Twitter : maintenant “je comprends en partie pourquoi il est si difficile d’essayer d’aider ce pays. Mais je continuerai a mettre mon statut de citoyen au service de la vie.” Avec un emoticone en forme de poing leve.

Exit mobile version