Le navigateur et president de l’association The SeaCleaners Yvan Bourgnon a annonce mardi 26 janvier sur franceinfo qu’un catamaran geant “autonome a 75% au niveau energetique ira depolluer les oceans des 2024” et a appele a aller au-dela “de sensibilisation, pas suffisante pour pouvoir eradiquer le probleme” de la pollution des mers.
franceinfo : Dans quelle mesure votre navire est-il cense nettoyer les oceans ?
Yvan Bourgnon : Le concept existe deja depuis 2016, mais on est heureux d’annoncer aujourd’hui qu’on arrive au bout des 20 000 heures d’etudes, et qu’on est sur de pouvoir realiser ce catamaran geant qui ira des 2024 depolluer les oceans. On avait des certitudes techniques et aujourd’hui, plus les annees avancent, plus on arrive a conforter le projet. Et ce qui est formidable depuis deux ans, c’est qu’on a reussi non seulement a fabriquer un bateau qui est autonome au niveau energetique a 75%, mais surtout, il arrive a traiter les dechets. On a une vraie usine embarquee a l’interieur du bateau et ca, c’est vraiment la nouveaute, avant d’annoncer effectivement la fabrication de ce bateau qui va demarrer en 2022. Ce navire, c’est un geant des mers. Son moyen de propulsion est la voile principalement, c’est ce qui rend le projet assez vertueux. Le bateau mesure 56 metres de long, a une capacite de collecte de 46 metres de large, avec notamment l’aide de tapis roulants qui font remonter les dechets du bateau et des filets a l’exterieur de bateaux qui captent aussi les plastiques. On a une capacite de collecte de 5 a 10 000 tonnes de plastiques par an, soit environ une a trois tonnes par heure. C’est considerable, on arrive deja a eliminer une bonne partie de la pollution avec quelques centaines de bateaux comme celui-ci.
C’est considerable, mais la pollution aux plastiques, cela represente des dizaines de millions de tonnes par an ?
Des detracteurs vous diront que c’est un puits sans fond et que la pollution va augmenter dans les prochaines annees. Mais ce qui est sur, c’est que les travaux qu’on fait de sensibilisation, d’actions sur le terrain ne sont pas suffisants pour pouvoir eradiquer le probleme. Au contraire, en 2060, il y aura trois fois plus de plastiques dans les oceans. On parle de 30 millions de tonnes de plastiques dans l’ocean.
“Rester les bras croises aujourd’hui en disant que ca coute moins cher de faire de la sensibilisation plutot que de la collecte, ce n’est pas suffisant.”
a franceinfo
C’est comme si aujourd’hui on disait qu’on arrete de trier, on arrete les camions poubelles, on arrete la collecte des dechets sur terre, on va eduquer les gens, et ils vont manger du compostable, ils vont arreter de consommer du plastique, c’est une heresie. Il faut agir sur terre et sur mer. Et de voir des gens encore aujourd’hui, qui renient ca, qui restent les bras croises, qui laissent cette pollution aller dans les oceans, c’est irresponsable. Il faut trouver des solutions pour ca.
Votre bateau sera mis a l’eau en 2024, ou sera-t-il construit et avez-vous besoin de financement ?
On a realise un tiers du chemin pour financer 30 millions que va couter le premier catamaran. On a un deuxieme tiers du chemin a faire avant le debut de la construction, dans les deux prochaines annees. Donc, c’est vrai qu’on appelle toutes les grandes entreprises et meme les petites a se joindre a nous, il y a deja 50 mecenes qui nous ont fait confiance alors que le projet n’etait pas certain. On a une construction qui va se passer en Europe, certainement une coque en acier qui va se faire plutot en Pologne ou en Turquie. Et on fait tout pour que toute l’integration des technologies des energies renouvelables se fasse en France. On est notamment en contact avec les chantiers de l’Atlantique. De toute facon, c’est un projet cocorico : toutes les etudes ont ete menees en France. On a aujourd’hui 20 partenaires techniques, dont deux grandes ecoles comme l’Ecole Navale de Brest et Centrale Nantes, qui se sont impliquees dans le projet. On a vraiment reussi a utiliser toutes les technologies francaise et suisse pour pouvoir amener ce projet au bout.