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Météo : trois questions sur le “vortex polaire”, ce phénomène glacial qui se déplace vers l’Europe

Les flocons blancs donnent, depuis samedi 16 janvier, un air de fête aux villes et aux campagnes françaises. Voire un air de station de sports d’hiver. Mais à quoi attribuer les chutes de neige qui touchent le centre et le nord-est du pays ? Est-ce lié aux masses d’air froid, plus connues des spécialistes sous le nom de “vortex polaire”, qui se déplacent vers le nord de l’Europe et de l’Amérique depuis le début de l’année ? Pas vraiment. Retour en trois questions sur ce phénomène météorologique.

Qu’est-ce que le vortex polaire ?

C’est une masse d’air qui se situe dans la stratosphère, c’est-à-dire dans la couche d’atmosphère située entre 10 et 50 km d’altitude, où l’on trouve aussi la couche d’ozone. “Quand on se rapproche de la période hivernale (…), les températures chutent au niveau des pôles et on a une vaste zone froide qui se crée au-dessus du pôle à environ 30 km d’altitude. C’est cette zone froide qu’on appelle le ‘vortex polaire'”, expose Sébastien Léas, ingénieur-prévisionniste à Météo France, dans la vidéo ci-dessous.

Comme l’explique Thierry Lefort, ingénieur à Météo France et enseignant à l’Ecole nationale de météorologie, ce vortex polaire est “un tourbillon qui tourne très vite avec des vents d’ouest, autour de 30 à 40 km d’altitude. Pourquoi tourne-t-il très vite ? Parce que le pôle Nord se refroidit dès le mois d’octobre, quand il rentre dans la nuit avec l’hiver qui approche. Comme il se refroidit beaucoup plus vite que les autres latitudes, il se crée, au-dessus de lui, un tourbillon avec des vents d’ouest très forts”

Quelle influence a-t-il sur la météo ? 

Tant qu’il y a des températures très froides au-dessus du pôle Nord, pas grand-chose. En revanche, tout change lorsque se produit au cœur de l’hiver une brusque montée des températures au pôle Nord, “qui peuvent regagner jusqu’à 60 °C en quelques jours, passant de -70 °C ou -80 °C à -10 °C ou -20 °C”, selon la vidéo YouTube de Météo France consacrée au sujet.

C’est ce qui s’est produit au cours de la première semaine de janvier 2021 : les températures “ont augmenté, passant de -69°C à -13°C”, relève National Geographic. Or, lorsqu’il “se produit un réchauffement soudain dans la stratosphère, le vortex polaire se déplace. Il se décale : il n’est plus centré sur le pôle Nord, mais il peut descendre vers la Sibérie, ou vers l’Amérique. Parfois, il se coupe en deux avec deux petits vortex qui viennent se placer de façon aléatoire sur les continents”, précise Thierry Lefort.

Conséquence de ce déplacement : quand le vortex bouge, “le tourbillon d’ouest qui circulait autour du pôle Nord se met à tourner dans l’autre sens, avec des vents d’est. Ce chamboulement de la situation, parfois, se propage jusqu’en surface”, dans ce qu’on appelle la troposphère, autrement dit le ciel au-dessus de notre tête, jusqu’à 10 km d’altitude. Et dans ces cas-là, le tourbillon “va venir chambouler aussi la circulation des perturbations, la position des anticyclones et des dépressions en surface”. 

La vague de froid est-elle due à ce vortex ?

Non. “La vague de froid et les quelques épisodes de neige qu’on a eus en France et en Espagne ces derniers jours ne sont pas liés à ce qui s’est passée dans la stratosphère et dans le vortex. Ils se sont déroulés avant que le déplacement du vortex puisse aboutir à un impact en surface”, affirme Thierry Lefort. Cela ne signifie pas que ce ne soit jamais le cas. “L’épisode de froid intense qui a touché l’Europe en mars 2018 tenait bien son origine d’un réchauffement stratosphérique soudain”, détaille Sébastien Léas sur YouTube.

Le phénomène s’explique ainsi : lorsque les vents d’ouest du vortex polaire se transforment en vents d’est, ils tournent en sens inverse du “Jet Stream”, ce courant d’altitude qui se trouve à une dizaine de kilomètres de hauteur et qui “définit la frontière entre de l’air polaire et de l’air plus doux au niveau des tropiques”. Et l’ingénieur de Météo France de continuer : “De l’air froid peut alors se retrouver piégé au niveau du ‘Jet Stream’ et se retrouver décalé dans des régions assez peu habituées à un froid glacial.”

Selon Thierry Lefort, “quand on fait la moyenne de tous les épisodes de vortex qui se déplacent, on voit qu’au niveau des températures, seuls le nord de l’Europe, le nord de la Scandinavie et de la Russie, ont un impact systématique, avec des vents d’est beaucoup plus marqués, des masses d’air continentales plus froides”. A l’inverse, “le bassin méditerranéen oriental, donc la Grèce, la Turquie, le Proche-Orient, Israël” accusent des températures plus douces que la normale, systématiquement. Quant à la France, elle n’enregistre “pas de vague de froid systématique après ce genre d’épisode, mais un temps perturbé, océanique, avec des pluies plus abondantes que d’habitude”.

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