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Piraterie dans le golfe de Guinée : Maersk réclame une présence militaire pour protéger ses navires

Trop c’est trop. Suite à deux attaques en moins d’un mois sur ses porte-conteneurs, le transporteur maritime Maersk réclame une intervention militaire internationale pour sécuriser les eaux du Golfe de Guinée.

L’attaque la plus récente s’est déroulée le 13 janvier dernier contre le porte-conteneurs Cardiff qui faisait route vers le Cameroun depuis le port de Tema, au Ghana. Des pirates ont abordé le navire, forçant l’équipage à se calfeutrer dans la zone sécurisée du navire. On appelle cela la citadelle, l’équivalent d’une panic room dans une habitation. Un espace blindé et réputé inviolable où l’équipage peut prévenir les autorités maritimes.

Suite à l’alerte lancée par le Cardiff, un patrouilleur a fait route et les pirates se sont enfuis. Plus de peur que de mal cette fois, mais la compagnie maritime réclame protection.

“J’aimerais que des bateaux gris naviguent dans les parages, et aient un mandat pour intervenir”, a réagi Aslak Ross, le responsable de la sécurité à bord des 300 navires de Maersk. “Lorsqu’on a connu des actes de pirateries dans le golfe d’Aden il y a 20 ans, la communauté internationale a déployé des forces navales et a sécurisé les lieux, rappelle Aslak Ross. Il faut clairement faire la même chose dans le golfe de Guinée.”

Les grands affréteurs maritimes (Maersk, LLoyd, MSC, CMA-CGM…) travaillent déjà ensemble pour trouver une solution à un problème qui devient de plus en plus sérieux. Car la sécurité maritime se dégrade sans cesse dans le golfe de Guinée. Entre janvier et septembre 2020, 132 attaques de navires ont été répertoriées contre 119 pour la même période de 2019. Selon le Bureau maritime international (BMI), la zone représente 95% des enlèvements mondiaux.

Car ce n’est pas la cargaison qui intéresse les pirates, trois navires seulement ont été volés. L’équipage pour lequel ils peuvent réclamer le paiement d’une rançon est bien plus rémunérateur. 135 membres d’équipage ont ainsi été enlevés en 2020, selon Dryad Global, spécialisé dans la sécurité maritime. La rançon peut dépasser les 200 000 euros pour un équipage américain ou français. En fait, tout dépend de ce que la compagnie d’assurance est prête à verser.

Longtemps, ces prises d’otages ont été circonscrites au delta du Niger. Les pirates s’en prennent aux plateformes pétrolières, aux barges de ravitaillement et aux pétroliers. De la piraterie justifiée par des revendications politiques de réappropriation des richesses pétrolières du Nigeria.

Mais désormais la piraterie s’étend tout le long du golfe de Guinée, soit une zone de 5 700 km du Sénégal à l’Angola. Un corridor qui voit passer 20 000 navires par an qui sont autant de proies faciles. Ici, les pirates sont bien plus riches que les pêcheurs de Somalie, et leurs actions plus agressives. Ils disposent d’un armement plus lourd et leurs embarcations plus puissantes leurs permettent de s’éloigner des côtes. Au point que le Bureau maritime international recommande aux capitaines de ne pas s’approcher à moins de 250 milles des côtes (environ 450 km).

Selon Jakob P. Larsen, responsable de la sécurité du groupe d’affréteurs maritimes Bimco, l’opération de sécurisation n’est pas très compliquée. “Deux frégates avec leur hélicoptère, appuyées par une surveillance aérienne suffisent à mettre une forte pression sur les pirates”, explique cet ancien chef des opérations navales de l’Otan au site Shipping Watch.

Sauf qu’il faut trouver un port d’accueil pour la flottille, un terrain d’aviation pour les avions et financer le tout ! Enfin, il faut aussi une institution had hoc pour juger les pirates. Le gouvernement danois s’emploie auprès des pays riverains à obtenir leur partenariat, mais tout cela va prendre du temps.

Enfin, les intérêts stratégiques du golfe de Guinée ne sont pas ceux de la corne de l’Afrique où passe une grande partie du trafic maritime à destination de l’Europe, que ce soit le pétrole ou les produits manufacturés chinois. Si bien que la communauté internationale tarde à réagir.

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