“Je dois avouer que les images vues de l’extérieur sont encore plus violentes que ce que j’aurais pu imaginer. Dans la voiture, j’ai eu vingt-huit secondes pour vivre et je n’en ai pas perdu une seule dès le début en décrochant les ceintures de sécurité et en me battant contre tous les éléments qui me bloquaient dans ce brasier, témoigne Romain Grosjean dans le magazine ‘20h30 le dimanche‘ (replay) présenté par Laurent Delahousse sur France 2. Ce qui me fait aujourd’hui le plus de peine et de mal, c’est d’imaginer que mes proches, mes enfants, ma femme, mes parents, pendant deux minutes et quarante-trois secondes, ont pensé à 99% que j’étais mort.”
Le pilote franco-suisse de Formule 1, victime d’un terrible accident lors du Grand Prix de Barheïn, le 29 novembre 2020, a senti son corps se relâcher parce qu’il n’arrivait pas à sortir de sa monoplace : “J’ai fait plusieurs tentatives et je me rends compte à un moment que je n’y arrive pas et que je suis bloqué. Le corps s’est relâché et l’esprit aussi. J’étais en paix et je peux dire : ‘J’ai vu la mort.’ Elle était à dix centimètres de mon visage. Et je lui ai même donné un nom. Je l’ai appelée Benoît. Et ne me demandez pas pourquoi, cela n’a pas de rapport avec quoi que ce soit. J’en avais peut-être besoin psychologiquement pour la matérialiser.”
“J’ai trouvé après l’énergie de sortir. Est-ce peut-être mon cerveau qui a décidé de prendre ces quelques secondes pour se calmer ? Il faut se rendre compte que j’ai tapé la barrière à plus de deux cents kilomètres/heure et que j’ai eu des forces phénoménales sur le corps. On parle de 57 ou 59 G vécus, ce qui veut dire que le poids de mon corps au moment de l’impact est de 3,9 tonnes, plus ou moins. Ce sont des chiffres fous”, précise le coureur automobile qui a participé à 179 Grands Prix de F1 entre 2009 et 2020.
“Au début, j’ai eu un petit peu de mal à comprendre pourquoi je me serais relaxé, pourquoi j’aurais presque accepté de partir. Peut-être était-ce une sorte de bouton ‘reset’ et le cerveau qui réfléchissait à trouver la solution pour sortir”, explique Romain Grosjean, 34 ans, qui compte dix podiums acquis sur les circuits entre 2012 et 2015 pour Lotus F1 Team. Dans une vidéo publiée sur un réseau social, le pilote brûlé aux deux mains tire sa révérence à la catégorie reine du sport automobile. C’est une “décision difficile, je ne pensais pas terminer ma carrière en F1 comme ça, mais je pense que c’est pour le mieux”.
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