VIDEO. Variants du coronavirus : comment réagissent le Liban, l’Afrique du Sud, la Chine et l’Allemagne ?

0
469

Il est apparu de l’autre côté de la Manche, dans ce Royaume-Uni, qui connaît aujourd’hui des records quant au nombre de décès : le variant anglais du virus inquiète toute la planète. On sait qu’il est déjà présent dans plusieurs pays européens, dont la France. Comment la planète réagit-elle face à cette nouvelle menace ? La réponse de nos envoyés spéciaux devant un hôpital de Johannesburg, dans une rue déserte de Beyrouth, devant un hôpital allemand et dans un jardin de Pékin.

En Allemagne, plusieurs médecins virologues ont alerté les autorités, pendant les vacances de Noël : “Il nous faut rechercher ces variants. Il nous faut aller plus loin dans nos investigations, faire du séquençage génétique.” Mais ils ont prévenu : “Cela prend du temps et ça coûte de l’argent.”

Le gouvernement fédéral à Berlin a immédiatement débloqué 200 millions d’euros et ordonné dans le même temps à tous les laboratoires du pays d’envoyer davantage d’échantillons qu’ils ne le faisaient jusqu’à présent, et de les envoyer à l’Institut de virologie de l’hôpital de la Charité, à Berlin. C’est l’institut de référence en Allemagne, placé sous l’autorité du professeur Christian Drosten, qui est une figure de la lutte contre la pandémie. Ici, les équipes travaillent déjà d’arrache-pied. Ce travail va prendre plusieurs mois. Elles vont constituer une sorte d’arbre généalogique, faire différents essais avec les vaccins disponibles. Bref, l’Allemagne, scientifiquement, vient de faire un pas de géant.

En Afrique du Sud aussi la situation se dégrade. Le pays compte désormais 35 000 morts, c’est le plus touché d’Afrique. Là, ce n’est pas le variant anglais qui inquiète, mais le variant local, le variant sud-africain du virus, dit 500 1 V2, qui, lui aussi, se propage plus rapidement que le virus d’origine. Selon le ministre de la Santé sud-africain, c’est ce nouveau variant et la rapidité de sa propagation qui explique l’ampleur de la deuxième vague que connaît actuellement l’Afrique du Sud. Malgré des restrictions, comme l’interdiction de la vente d’alcool, l’imposition d’un couvre-feu à partir de 21 heures et la fermeture complète des frontières terrestres, le pays connaît actuellement près de 20 000 nouvelles infections par jour. Les hôpitaux, par exemple à Soweto, se retrouvent absolument submergés.

Comme le variant britannique, cette mutation sud-africaine concerne la protéine qui entoure le virus. C’est embêtant, parce que c’est cette même protéine qui est ciblée par les vaccins. Donc, des tests sont actuellement en cours dans le pays pour tenter de déterminer si l’efficacité de ces vaccins pourrait être remise en cause, face à cette nouvelle souche. La réponse n’est pas attendue avant quelques semaines, alors que le pays attend ses premières doses d’ici le mois prochain.

En Chine, point de départ de l’épidémie, on vient de connaître le premier mort officiel depuis huit mois, 22 millions de personnes sont reconfinées. Les cas de variants anglais y sont rares, mais surveillés comme le lait sur le feu. Il y a quelques cas de variants britanniques en Chine, mais on peut vraiment les compter sur les doigts de la main. Ce sont trois étudiants : l’une est arrivée à Shanghai, l’autre à Canton, dans le sud du pays, et le troisième, à Tsingtao, la ville de la bière, sur la côte est.

Ce sont des jeunes gens qui sont arrivés de Londres, où ils faisaient leurs études. Ils ont été détectés positifs au nouveau variant britannique pendant leur quarantaine, qui est obligatoire à l’entrée sur le territoire chinois. Ils ont été hospitalisés immédiatement et recensés par la Commission nationale de prévention, qui rassemble tous les nouveaux cas en Chine. Ce que montre l’organisation qui a été mise en place dans ce pays, c’est que ce variant britannique est surveillé, mais aussi le variant sud-africain et le variant japonais qui, pour le moment, n’a pas encore été détecté en Chine. Parmi les mesures qui ont été mises en place, en plus de la quarantaine, il y a essentiellement la suspension des vols avec Londres, allers et retours, depuis le 24 décembre dernier.

Au Liban, la situation s’est brutalement détériorée. Le pays vient de se confiner totalement. Les cas de variant anglais sont sans doute présents, mais difficile d’en savoir plus, parce que le pays est débordé. Il n’a pas les moyens d’identifier précisément le niveau de propagation du virus avec son variant anglais. Il y a chaque jour désormais 3 000, 4 000, 5 000 nouvelles contaminations au Liban, depuis le début de l’année. Jamais le pays n’avait enregistré de tels chiffres. C’est 100 fois plus de cas positifs chaque jour par rapport à la première vague de l’année dernière.

Pour les médecins et les spécialistes, deux raisons principales à cette hécatombe : la réouverture quasi-complète du pays pour Noël et pour le Nouvel An, et ensuite l’insouciance, voire l’inconscience des Libanais avec ce virus. Ils avancent aussi une troisième hypothèse, avec précaution cette fois : la très probable circulation du variant britannique. Des cas ont été identifiés sur le territoire libanais et ça expliquerait même la sévérité du nouveau confinement décrété jusqu’à la fin du mois de janvier. En théorie, bouclage total du pays, interdiction de sortir de chez soi, même pour faire ses courses. Seules les livraisons à domicile sont autorisées. Pour les voyageurs qui arrivent à l’aéroport de Beyrouth, qui reste ouvert, c’est test PCR obligatoire à l’atterrissage et à l’isolement pendant deux ou trois jours à l’hôtel, le temps des résultats.

image