Au Liban, la crise des dechets, symbole d’un Etat defaillant

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Les ordures sur la place de Dbayeh, au nord de Beyrouth, en 2017.
Les ordures sur la place de Dbayeh, au nord de Beyrouth, en 2017. (JOSEPH EID / AFP)

C’est un probleme recurrent au Liban : cela fait des annees que le pays ne parvient pas a trouver une solution perenne pour ses dechets menagers, alors qu’il depense plus d’argent que la Tunisie ou la Jordanie pour cela. Ses decharges publiques saturent, il y a des depots sauvages partout et meme de l’incineration a ciel ouvert ultra toxique. C’est une catastrophe pour l’environnement, pour la sante publique et cette situation a ete maintes fois denoncee par des associations locales et des organisations internationales.

Cette “crise des dechets”, comme on dit ici, est aussi un symbole de plus d’un Etat libanais defaillant et corrompu. Pour la capitale, Beyrouth, il y a deux decharges cotieres, au bord de la mediterranee, pour ne pas dire dans la Mediterranee, parce que ce sont en fait sur des terrains pris sur la mer : on fait une digue, on enfouit, on remblaye et on tasse bien.

Depuis plusieurs annees, ces deux decharges saturent et a chaque fois, la solution d’urgence trouvee, c’est tout simplement de les agrandir. C’est encore ce qui vient d’etre decide pour la decharge de Burj Hammoud Jdeide, au nord de la capitale : 40 000 metres carres de plus, au grand dam des defenseurs de l’environnement. Ils denoncent ces fausses solutions, qui vont en plus a l’encontre des conventions et des engagements pris par le Liban contre la pollution en mediterranee.

Si ces voix sont entendues, elles ne sont pas ecoutees. Dans l’immediat, il faut le reconnaitre, il n’y a pas, de toute facon, d’alternative, a moins de voir les poubelles s’entasser dans les rues dans les prochains jours. Il y a deux ans, il avait ete decide de construire des incinerateurs, avec l’aide de la communaute internationale, mais tout ca est en suspens, faute de gouvernement depuis six mois.

Quant au tri et au recyclage qui permettraient de reduire considerablement le volume des dechets a enfouir, ils ne sont absolument pas pratiques, pas encourages par l’Etat. Celui-ci ne fait rien non plus pour aider les filieres de recyclage. Les seules initiatives qui existent sont portees par quelques municipalites, des bonnes volontes et des associations. Malheureusement, il y a peu de chance que ca change dans un avenir proche, car la protection de l’environnement n’etait pas une priorite pour le Liban et les Libanais, elle l’est encore moins aujourd’hui, avec les crises economique, sanitaire et politique qui frappent le pays depuis un an.