“Pour parler, il faut qu’il y ait quelqu’un qui comprenne au premier souffle” : Christine Angot, autrice de “L’Inceste”, reagit apres l’affaire Duhamel

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C’est sa premiere reaction publique apres l’eclatement de “l’affaire Olivier Duhamel”, consequence de la publication par Camille Kouchner de La Familia Grande (editions du Seuil). Pour l’autrice de L’Inceste, publie il y a 22 ans, les enfants veulent denoncer, mais ne peuvent pas : “Moi, je voulais parler pendant 3 ans, de 13 ans a 16 ans, j’ai essaye par tous les moyens et j’ai voulu parler. Vous avez les mots pour dire ca ? (…) Comment vient le sujet ? Pour parler, il faut qu’il y ait quelqu’un qui comprenne au premier souffle, au premier moment ou vous ouvrez la bouche pour parler. Sinon, vous renvoyez la parole dans votre bouche“, a-t-elle temoigne.

L’ecrivaine a tenu a deconstruire l’idee recue selon laquelle les enfants veulent garder le silence pour ne pas casser une famille. “Dans mon cas, absolument pas. D’abord parce qu’on ne parle pas d’une petite chose fragile, le pere. La, c’est un abus de pouvoir, vous ne le considerez pas comme une petite chose fragile“, a-t-elle explique. L’enfant prend tout a fait conscience de ce qui se passe, d’apres elle. “Vous savez tres bien que la petite chose fragile, c’est vous. Et vous savez tres bien que c’est vous qui etes en difficulte (…) Vous comprenez tres bien ce qui se passe. Un petit baiser sur la bouche comme ca, ca pourrait ne pas etre grand-chose. Vous comprenez a la seconde ce que c’est. ‘Tiens, ca m’arrive a moi, ca’. Je n’aurais pas cru, a 13 ans.

La personne qui s’autorise a abuser de son pouvoir sur vous, c’est qu’elle en a un !

a France Inter

C’est toujours quelqu’un que vous aimez“, a rappele Christine Angot. “Et si c’est votre pere, ce n’est pas n’importe quelle personne. Donc vous gardez l’espoir. C’est pour ca aussi que vous attendez. Vous avez honte pour lui. Vous n’avez pas honte de vous ! Vous, vous savez tres bien que vous n’etes coupable de rien (…) Regardez les titres sur les peres. C’est quoi ? C’est Mon pere, ce heros. C’est La gloire de mon pere.”

Faut-il, des lors, parler, liberer la parole pour venir a bout de ces violences ? “Moi, j’y crois tout a fait, des lors qu’il n’y aura plus, dans cette societe, de fascination du pouvoir et que donc, les abus de pouvoir n’auront plus lieu d’etre. Tant qu’il y aura une fascination de l’ensemble de la societe pour le pouvoir et ses manifestations, il y aura forcement des abus de pouvoir puisque ca opere dans tout, dans tous les clans sociaux“, a-t-elle conclu.