VIDEO. Comment un placement est-il décidé ? “Pièces à conviction” a pu filmer une audience chez le juge des enfants

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Ils ont entre leurs mains le pouvoir de faire basculer la vie de milliers de jeunes. Au tribunal de Nanterre, neuf juges des enfants traitent près de 3 000 dossiers chaque année. Exceptionnellement, le magazine “Pièces à conviction” a été autorisé à suivre quelques-unes de leurs audiences. 

Si la règle est de privilégier le lien avec les parents, les juges doivent parfois décider d’éloigner les enfants pour les protéger. Ils font souvent face à des parents défaillants ou maltraitants, qui peuvent représenter une menace pour leurs enfants. 

Les carences éducatives touchent toutes les classes sociales, explique le juge Sébastien Carpentier. Elles sont le fait de “parents qui ne savent pas réagir de manière adaptée à des difficultés scolaires, à un handicap… ils prennent des décisions qui vont à l’encontre de l’intérêt de l’enfant. Et là, on intervient”. Pour le placement, le juge a trois options : une famille d’accueil, une structure spécialisée ou une personne de confiance. 

Ce jour-là, une famille est entendue pour la première fois suite à une enquête de police. Les parents risquent de se voir retirer leur fils de 3 ans pour l’avoir mis en danger. C’est un passant qui l’a trouvé seul dans la rue à 20 heures, affamé et assoiffé, dans des vêtements beaucoup trop légers pour la saison.

“Il résulte de l’enquête de police que l’enfant est sorti du domicile parce que sa mère ‘était méchante avec lui’ et qu’elle le frappait, que son père ne s’occupe pas de lui, que sa mère est régulièrement alcoolisée, et ne s’est d’ailleurs pas rendu compte que son enfant avait quitté le domicile.” Ce sont les conclusions du parquet (qui a saisi le juge), que Sébastien Carpentier détaille à l’attention du couple.

Le père de l’enfant prend la parole pour se défendre… au risque d’aggraver son cas. L’homme reconnaît des violences, mais “jamais devant l’enfant”, et se défausse sur sa compagne pour tout ce qui concerne les “punitions, ou petites fessées” reçues par l’enfant. Le juge tente de placer devant ses responsabilités ce père qui ne voit “pas de danger” à laisser son fils de 3 ans à la garde d’une mère sous l’emprise de l’alcool… La décision de Sébastien Carpentier sera finalement de placer le petit garçon chez sa tante pendant un an. 

Extrait de “Enfants placés : que fait la République ?”, une enquête à voir lors d’une soirée spéciale du magazine “Pièces à conviction” le 27 janvier 2021.

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